Artiste : Maxime Le Forestier
Année de sortie : 1972
Tracklist :
1)
Mon frère2)
Education Sentimentale3) La Rouille
4) Mourir pour une Nuit
5) Marie, Pierre et Charlemagne
6)
Comme un arbre7) Fontenay-Aux-Roses
8) Parachutiste
9)
Je ne sais rien faire10)
San francisco11)
Ca sert à quoiChangeons un peu de pays, mais pas d'époque. Avec Maxime Le Forestier, auteur-compositeur-interprète français.
Je m'attaque là à un "gros morceau" comme on dit, tant j'aime cet album, du début à la fin, chaque minute.
Je vais commencer par ma préférée, directement :
Je ne sais rien faire.
Tout débute par une intro un poil bluesy à la guitare, une tonalité qui reste pendant tout le morceau. Et le texte arrive :
Si je savais raconter des histoires, je changerai le monde tous les soirs et si je savais aussi parler d'amour je changerai de filles tous les jours. Mais je ne sais rien faire, je fais tout de travers.
Je serais toujours de trop sur Terre. Des paroles d'un gars perdu dans ses songes et qui en se réveillant de ses rêves, se retrouve totalement paumé. J'ai tendance à préférer les paroles de
A Quoi ça sert ?, qui sont plus ... concrètes.
Et cette clarinette en pleins milieu du morceau, qui vient accompagner chaque phrase, pour rappeler que malgré ces paroles sombres il reste quand même de la gaieté ! (Comme pour
Dark Horse, d'ailleurs). Et la fin en toute simplicité, 2 notes jouées à la contrebasse.
Voilà un CD qui retrace toute une époque où la jeunesse ne savait plus. Oui, il y a eu mai 68. Et après ? Tous les questionnements de la jeunesse de cette époque ce retrouve sous la plume de Le Forestier : Où allons-nous ? Pourquoi vivre ? Que laissons-nous aux générations futurs ?
Ça sert à quoi tout ça ? Ne me demandez pas de vous suivre, il nous reste si peu à vivre. (Ca sert à quoi ?
)
Une génération amoureuse et perdue, tout ça se retrouve dans des titres comme
Mon Frère ou
Fontenay-aux-Roses-Aux-Roses. Dans la dernière cité, il y chante un amour intime pour des filles d'un pensionnat avec tous les rêves, toutes les questions qui vont avec (
J'imagine parfois des choses insensées, des rendez-vous secrets au fond d'un jardin froid). Et cette guitare, qui suit le chant, tout en arpège, légère et douce ...
Ici quand tout vous abandonne, on se fabrique une famille. (Mon Frère)
Le thème de la nature est aussi abordé, dans
Comme un arbre. Il chante "l'histoire" d'un
arbre dans la ville, né dans le béton, coincé entre deux maisons, sans abri sans domicile.
J'ai grandi loin des futaies où mes frères des forêts ont fondé une famille. L'expansion des villes et le peu d'intérêt porté à la nature de cette politique expansionniste et mondialiste sont évidemment visés. Et puis, la musique,ce piano qui joue entre les phrasés et cette montée avant le pont et la voix qui monte avec !
Et je n'ai même pas parlé de
San Francisco, le morceau le plus connu de l'album, que des millions de personnes ont déjà reprise la guitare à la main, au coin d'un feu. Ni même,
Parachutiste où il exprime son anti-militarisme, chanson inspiré par son service militaire chez les paras.
Et ce n'est pas seulement un récital, Le Forestier est aussi un excellent compositeur. Les guitares, les harpes chantent aussi et accompagnent magnifiquement sa voix. La musique est "simplement sophistiquée", légère et voluptueuse. Sans parler des "chœurs érotiques" (crédité comme cela) et des "chœurs aériens" de certaines chansons, qui élèvent les paroles au plus haut.
Cet album, même s'il n'a rien révolutionné, reste, pour moi, le meilleur album franco-français d'un compositeur-interprète.
Je me demande encore comment Le Forestier est arrivé à un tel niveau dans la composition, tant la suite de sa carrière est mitigée. Cet album est réellement un Best-Of, chaque chanson y a sa place. Bien qu'il chante
Je ne sais rien faire, je fais tout de travers, je serais toujours de trop sur Terre. il y a au moins une chose qu'il fait bien : chanter.
P.S. : Je pense et je vous accorderai que je ne suis pas des plus objectif concernant ce CD, car ce CD a une valeur nostalgique à mes yeux, je l'écoute depuis tout petit, c'est un des tout premier 33 tours que j'ai posé sur une platine. Je m'excuse de cette non-objectivité. Ce CD peut être taxé de manque de punch, de textes trop engagés ou même trop bateaux.